Haïti n’a jamais été la Perle des Antilles.

Haïti n’a jamais été la Perle des Antilles.

La réalité brille aux yeux de tous, en regardant la situation d’Haïti de nos jours, il n’y a pratiquement aucune trace de la perle dont nous parlons sans cesse pour exprimer notre fierté. La fierté historique reste la seule rengaine qu’un Haïtien peut chanter pour  se tenir debout devant la mélancolie, le désespoir et la misère extrême faisant son quotidien. Cependant, se vanter d’avoir été la perle des Antilles est une partie que l’on devrait bannir du patrimoine historique du sol de Dessalines. Au lieu d’exprimer sa fierté, l’Haïtien voulant se réconforter de la pauvreté enfonce encore plus la plaie en s’enorgueillissant de sa valeur perlière d’antan.

Sans se rendre compte du poids et des nuances des expressions, le peuple haïtien popularise orgueilleusement le surnom de son pays à l’époque coloniale : «Haïti, la perle des Antilles ». En 1492, après la découverte de Christophe Colomb, Ayiti devint Hispaniola et fut dominé par les Espagnols. Par le traité de Ryswick, en 1697, la France obtint aussi sa part à l’Ouest de l’île et changea à son tour le nom en Saint-Domingue. Si les Espagnols et les Français n’avaient pas les mêmes méthodes de répression, l’objectif était pourtant commun : s’enrichir au détriment de l’île. Les Français ont transformé complètement le territoire, ils ont détruit les indigènes, puis ont fait venir les Africains plus costauds, plus fermes, plus efficace aux champs et leur travail était très efficace.

Grâce à la main d’œuvre servile, Saint-Domingue devenait la colonie la plus productive de l’empire français. Le pays de Napoléon Bonaparte devait sa puissance économique au travail incessant des esclaves qui mouraient en grande quantité dans les champs de canne à sucre, de cacao, de café etc… Cette colonie, à elle seule, produisait la moitié du sucre mondial, d’où l’expression « la perle des Antilles » donnée par les Français en liesse devant le travail fourni par cette île qui dépassait largement celui abattu dans les autres pays des Caraïbes. Saint-Domingue était la plus grande source de richesse de leur pays, Cette dénomination voulait aussi dire indirectement que la soi-disant perle était grandement appauvrie. L’île n’était donc ni la plus belle ni la plus riche des Antilles, car ses richesses n’étaient pas à elle, mais  c’était réellement  une perle, oui ! une perle qui donnait de l’éclat au collier de la France, une perle volée, une perle soumise à l’étranger. C’était une perle rare pour la métropole française vivant des traitements infrahumains infligés aux esclaves dont le corps et l’esprit étaient totalement soumis aux colons ayant la bible dans la main droite et le fouet dans la main gauche.

Même si, pour des raisons touristiques, on a tenté de revenir avec le nom de la perle des Antilles dans les années 1960, sachez qu’Haïti chérie n’a jamais été cette perle dont d’aucuns parlent. «Nous devons mesurer le poids des mots que nous utilisons, dit Maximilien Laroche. Les mots ne sont pas innocents. Haïti ne sera jamais la perle des Antilles, tant que ses fils croupissent sous le joug de la misère. Tant que l’homme haïtien espère un jour quitter son pays pour ne plus revenir », lit-on dans les colonnes du Nouvelliste.

« Haïti : la Perle des Antilles » est très doux à l’ouïe. Si nous voulons que le pays soit réellement la plus belle des Antilles, nous devons nous battre de toutes nos forces et cela prendra beaucoup de temps. Entretemps, du fond du vase où nous nous trouvons, essayons de briser la chaîne coloniale de notre esprit nous faisant croire que nous étions les meilleurs.

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