Les jeunes haïtiens apprennent davantage les langues étrangères. Pourquoi?

Les jeunes haïtiens apprennent davantage les langues étrangères. Pourquoi?

L’apprentissage des langues étrangères qu’elles soient l’anglais et l’espagnol a toujours été pendant un temps un passe-temps pour les jeunes en Haïti. Ils apprenaient l’une ou l’autre soit par amour ou tout simplement pour être plus compétitif sur le marché du travail. Un marché de travail, comme tout le monde le sait, qui est de plus en plus inaccessible aux jeunes en Haïti.


De ce fait, l’apprentissage des langues comme l’allemand, l’italien, le mandarin est devenu une nécessité, en plus de l’anglais et l’espagnol qui sont, quant à elles, devenues maintenant une obligation. Les institutions, académies qui se disent spécialisées dans ce domaine s’accruent. Les plateformes en ligne qui offrent ce service, moyennant finance, s’affichent en offrant des horaires accessibles à toute catégorie.


Qu’est-ce qui poussent les jeunes en Haïti à apprendre autant ces langues étrangères ? Quel (s) changement (s) l’apprentissage de celles-ci apporte-t-il dans leur vie?


La constitution haïtienne de 1987 reconnaît sur le sol haïtien deux (2) langues officielles : le créole haïtien et le français. Cependant, le créole haïtien reste la seule langue accessible à la grande majorité des haïtiens vivant en Haïti. Ils ne maîtrisent pas très bien le français ou ne le maîtrisent pas du tout même quand ils ont terminé leurs études secondaires. Cependant, une bonne partie non négligeable de la population haïtienne voit l’obligation qu’il y a de pratiquer une ou plusieurs langues étrangères pour assurer soit une réussite sur le plan professionnel, soit une possibilité de quitter le pays pour aller vivre à l’étranger ou encore, un moyen d’agrandir son réseau social afin de tirer des bénéfices soit sur le plan économique, soit sur le plan social, soit sur le plan politique.

1- Apprenez plus de langues, devenez plus compétitif sur le marché de l’emploi


Les peu d’offres d’emplois qui s’intéressent aux jeunes exigent souvent d’eux qu’ils soient capables de maîtriser l’anglais et/ou l’espagnol. La maîtrise de ces langues devient une qualification requise: «l’espagnol et/ou l’anglais est un atout».
Un jeune licencié qui ne peut maîtriser ni l’anglais ni l’espagnol est moins valorisé sur le marché de l’emploi qu’un jeune qui n’a pas terminé ses études classiques maîtrisant très bien l’une ou l’autre voire les deux langues précitées. Donc, à mesure qu’un jeune maîtrise de langues étrangères, à mésure qu’il sera qualifié pour un poste qu’il soit dans le domaine de la communication comme les call centers, dans le domaine de la restauration, du marketing, l’entrepreneuriat, etc.


2- La plupart des jeunes haïtiens n’envisagent pas de rester en Haïti


La situation économique, sociale et politique actuelle n’encourage pas les jeunes à rester dans le pays pour construire leur avenir. Leur slogan : « Il n’y a aucun avenir pour les jeunes en Haïti». Ceux qui pensent ainsi n’ont qu’une seule idée en tête : laisser le pays pour aller vivre à l’étranger. Faute de moyens financiers surtout, ils sont obligés d’y demeurer encore en espérant qu’un jour leur tour vienne pour effectuer un voyage sans possibilité de retour envisageable. Ils sont en «transite» comme ils disent. Ils ne peuvent rien faire d’autres que de préparer cet éventuel voyage sur plusieurs points dont le plus accessible est peut-être : l’apprentissage d’une langue étrangères.
– Les jeunes haïtiens qui ont un membre de leur famille à l’étranger, espérant ainsi pouvoir quitter le pays ne s’intéressent plus à aller à l’école, à l’université ou autres… Ils envisagerons seulement d’apprendre la langue parlée dans le pays espéré.
– Les universitaires qui souhaitent faire une maîtrise, ou soutenir une thèse ne voient pas d’autres possibilités que d’aller la faire ailleurs parce que les conditions sont plus que favorables à l’étranger qu’en Haïti c’est-à-dire dans des pays dont le niveau de vie est plus élevé, et qui offrent souvent des bourses d’études. Ces jeunes pour la plupart, se motivent pour maîtriser une ou plusieurs langues étrangères qu’elles soient l’anglais, l’espagnol voire l’allemand.


3- L’apprentissage des langues étrangères comme vecteur de communication en situation de crise humanitaire et comme moyen d’agrandir son réseau social


En situation de crise humanitaire comme c’était le cas après le cataclysme du 12 janvier 2010, l’aide internationale se met en branle afin de remettre le pays sur pied. Pour le faire, des fonds sont mobilisés (par l’intermédiaire des ONG.s) pour apporter soutien à une population haïtienne désœuvrée.


Dans ces situations, pour répondre efficacement aux besoins de la population, pour approcher les habitants d’une localité, l’aide internationale devrait faire appel  à des membres de cette localité pour s’attacher de leurs services en tant qu’interprete. Dans ce cas, ceux qui maîtrisent une langue étrangère, soit l’anglais, soit l’espagnol ou parfois les deux, sont souvent sollicités pour fournir leurs services moyennant finance bien sûr et autres avantages sociaux. Ce qui poussent parfois un jeune à apprendre une langue étrangère dans l’espoir d’être sollicité par une instance international pour s’assurer un statut social et économique plus élevé.


Dans des circonstances similaires, il se trouve toujours des cas en Haïti où la maîtrise d’une langue étrangère, surtout l’anglais, assure à un pratiquant une occasion de faire des affaires en fonction des relations que peut lui occasionner la maîtrise de cette langue. Des relations qui peuvent leur être profitables sous le plan économique, social et aussi politique.

Les jeunes haïtiens s’intéressent beaucoup à l’apprentissage des langues étrangères. Ceux qui sont capables le font, ceux qui ne le sont pas essaient. Malgré la volonté qu’ils ont de maîtriser soit l’anglais ou l’espagnol, soit l’allemand ou le mandarin, certains n’y arrivent pas en abandonnant au cours de route. Mais, ils continuent d’essayer, de persister pour se mettre à la hauteur de cette exigence qui peut leur faire sortir de leur situation de vulnérabilité sur le plan économique et sociale.

Alix ISRAËL

Etudiant en communication sociale

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