La relation entre Haïti et la Pologne remonte jusqu’aux guerres de l’Indépendance de la première nation noire du monde. Quoique non honorée par les nouvelles générations, la Pologne a laissé certaines traces des passages au sein du peuple dont l’expression « chaje kou lapolὁy ». Une histoire passionnante à découvrir.
L’histoire nous raconte que plus de cent soldats polonais étaient au service de Napoléon Bonaparte en 1803 pour lutter contre les Haïtiens. Cependant l’empereur n’a pas honoré sa promesse envers eux, celle de reconstituer la République polonaise s’ils venaient se battre pour la France à Saint-Domingue. Ils se sont donc rencontrés et se sont rendu compte qu’ils étaient piégés par la France qui cherchait de préférence leur mort. Certains d’entre eux ont même juré de mourir au lieu de faire feu sur l’armée indigène, voilà pourquoi le 18 novembre 1803, plus de 120 soldats polonais se sont mis aux côtés des troupes indigènes à Vertières contre l’armée française.
Au lendemain de la proclamation de l’indépendance d’Haïti en janvier 1804, plus de 400 Polonais sont restés au pays avec l’autorisation directe de Dessalines qui leur ont donné des terres pour travailler dans l’Agriculture. Le 20 mai 1805, l’Empereur Jean-Jacques Dessalines a publié une Constitution octroyant aux Polonais et aux Allemands la nationalité haïtienne par son article 13.
Ceux qui voulaient retourner en Europe ont été contraints de rester aussi en Haïti pour s’installer définitivement sur la terre de Dessalines afin d’éviter d’être mis en esclavage soit à la Jamaïque, soit à la Martinique ou à la Guadeloupe. Ils recevaient eux aussi des terres et la nationalité haïtienne. Ils se sont installés notamment à Cazale, à Fond-des-Blancs, à la Vallée de Jacmel et à Port-Salut.
A un certain moment, sous l’autorisation du général Dessalines, ils étaient obligés d’aller en Europe pour revenir avec les membres de leurs familles. Au retour, les gens de leurs quartiers respectifs étaient étonnés de les voir si chargés, car ils avaient avec eux femmes, enfants et bagages. Depuis lors, les Haïtiens pensent toujours aux Polonais en voyant une personne bien chargée, « elle est chargée comme la Pologne » ou bien elle est chargée à couler bas.