La fin du Dollar et l’arrivée d’une monnaie comme Bitcoin (BTC) sont prévus depuis 1960

La fin du Dollar et l’arrivée d’une monnaie comme Bitcoin (BTC) sont prévus depuis 1960

Il y a longtemps que la fin du dollar a été annoncée par Robert Triffin. L’économiste de Yale avait prévenu le Congrès US dès 1960 que faire du dollar la monnaie internationale par excellence se finirait mal. 60 ans plus tard, alors que la monnaie américaine demeure au centre du système monétaire international, le “dilemme de Triffin” hante toujours l’Oncle Sam. L’immense dette US plane telle une épée Damocles sur un monde ayant plus que jamais besoin d’une monnaie apatride. C’est-à-dire une monnaie n’étant pas nationale. Une monnaie libre de dette. Triffin aurait adoré le Bitcoin.

Et comme le billet vert était la seule monnaie convertible en or suite aux accords de Bretton Woods, Triffin argua que les États-Unis s’exposaient à la perte de leur or. En effet, même si une règle tacite voulait que personne ne demande la conversion des dollars américains en or, le Gold Standard faisait tout de même office de garde-fou.

Triffin avait bien compris qu’une politique expansionniste minerait la confiance quant à la capacité des États-Unis à maintenir la convertibilité du dollar en or, alors qu’une politique plus mercantiliste plomberait le commerce international par manque de dollars. C’est le dilemme de Triffin.

C’est ce qui arriva avec la coûteuse guerre du Vietnam (1955 – 1975). Les États-Unis imprimèrent tant d’argent que l’inflation dérapa. Les réserves de dollars des autres pays sous formes de Treasuries (dette US) perdirent alors 40 % de leur pouvoir d’achat vers la fin des années soixante. Les créanciers des États-Unis deviennent logiquement de plus en plus réticents à l’idée de financer les guerres impérialistes américaines en achetant la dette US.

D’autant plus qu’il y a déjà plus de dollars à l’étranger que d’or à Fort Knox en 1960. Ainsi et comme Triffin l’avait prévu, les nations, France en tête, demandèrent la conversion de leurs dollars en or. Les États-Unis, qui détenaient 66 % de l’or mondial en 1946, n’en détiennent plus que 38 % en 1961 et 24 % en 1971. Cette année-là, le président Nixon décide de mettre fin à la convertibilité du dollar et, de facto, aux accords de Bretton Woods. Le dollar n’est plus “as good as gold“.

Oui mais le dollar est toujours la monnaie internationale…

Le monde de Triffin était un monde de taux de change « fixes ». En théorie tout du moins car si un dollar US valait 1,19 Franc en 1945, il en vaudra 4,2F en 1957, 5,5F en 1969 et 5,6 F en 1998, date du passage à l’Euro…

Après 1971, le nouveau régime de taux de change flottant est censé agir comme une soupape de sécurité empêchant les déséquilibres commerciaux. En théorie, les États-Unis ne pouvaient plus faire marcher la planche à billets sous peine de voir la valeur du dollar s’écrouler. Oui, mais c’était sans compter le pétrodollar…

Les fidèles lecteurs de Haitimes savent que les États-Unis de Kissinger manigancèrent à la même époque un formidable coup de poker en obligeant l’Arabie Saoudite (un couteau sous la gorge) à vendre son or noir exclusivement en dollar (1975).

Pour le dire autrement, le pétrodollar obligea tous les pays du monde à détenir la majeure partie de leurs réserves en dollar. La raison étant tout simplement que le pétrole représente déjà la majeure partie de leurs importations. C’est le privilège exorbitant des États-Unis : afficher une balance commerciale chroniquement déficitaire sans que la valeur du dollar ne s’écroule du fait qu’une bonne partie des réserves mondiales de dollars reviennent aux États-Unis via le financement de la dette US.

Tout cela pour dire que le mécanisme d’équilibrage qu’est le régime de taux de change flottant a été court-circuité par le pétrodollar et que le dilemme de Triffin reste d’actualité même si sa nature a changé. Dans les années 1960, la crainte était que certaines nations décident d’échanger leurs dollars contre de l’or. Aujourd’hui, la crainte est une dévaluation massive du dollar et un défaut des États-Unis sur leur dette devenue gargantuesque…

Les modalités du dilemme de Triffin ont changé mais le conflit irréconciliable entre les intérêts des États-Unis et la stabilité du système monétaire international demeure. Les États-Unis devenus sont accros à la dette et nous assistons aujourd’hui à une véritable fuite en avant.

Non seulement de la part du gouvernement mais aussi du secteur privé. Ce n’est plus un secret pour personne que les multinationales US émettent des obligations de long terme pour racheter leurs actions et alimenter artificiellement la hausse des bourses US.

Et que dire des milliers de milliards qui partent en fumée dans la machine de guerre que Washington mobilise pour préserver un privilège exorbitant portant en lui les germes de sa destruction…Qui peut croire que les États-Unis, en générant 4 dollars de dette pour faire un dollar de croissance du PIB, pourront continuer comme cela ad vitam aeternam ? Sans compter que l’axe sino-russe a clairement l’intention de faire tomber le dollar aux oubliettes…

L’Oncle Sam n’est pas le premier pays à découvrir les périls et les bénéfices allant de pair avec le choix d’émettre la monnaie internationale. Le royaume-Uni en fit les frais dans le sillage de la première guerre mondiale après avoir imprimé de la dette sans compter pour soutenir l’effort de guerre…

Une nouvelle monnaie de réserve internationale ?

Nous nous dirigeons inéluctablement vers un système monétaire multipolaire. L’Euro, même si ses jours sont probablement comptés, est devenu au fil des années une monnaie de réserve internationale crédible et alternative au dollar. Son rôle reste toutefois marginal par rapport au dollar qui représente toujours 60 % des réserves de change de l’ensemble des banques centrales mondiales.

Le Yuan finira aussi par jouer dans la cour des grands. Même si son rôle international reste insignifiant, la taille de l’empire du milieu et son projet pharaonique des nouvelles routes de la soie vont inéluctablement renforcer l’internationalisation du Renminbi.

Cela étant dit, la Chine est bien au courant du dilemme de Triffin et il est permis de penser qu’elle ne souhaite probablement pas devenir à son tour un colosse aux pieds d’argile. La Chine de Xi Jinping ne mérite de toute façon pas un tel honneur…

En effet, n’oublions pas que nous parlons d’une dictature orwelienne qui passent toutes les datas à la moulinette de l’IA pour attribuer un crédit social à chaque individu. Une surveillance de masse bientôt renforcée par la fin du cash cryptoyuan et de laquelle naîtra l’apartheid 2.0…

Rappelons aussi que ce pays ne construit pas que des hôpitaux en un temps record. Il sort également de terre des camps de concentration dans lesquels les Ouïghours se font laver le cerveau…

Bitcoin pour ne pas tomber de charybde en scylla

La Chine a sans aucun doute très envie d’acheter le pétrole iranien en Yuan mais ses visées s’arrêtent probablement là. Pékin n’ambitionne pas de libeller tout le pétrole du monde en Yuan car cela reviendrait à se heurter in fine au dilemme de Triffin.

L’empire du milieu n’a ainsi pas l’intention de remplacer le dollar et milite plutôt pour une nouvelle monnaie supranationale. Vient alors tout de suite à l’esprit le Bancor de Keynes, cette monnaie émise par une institution internationale que Triffin appelait aussi de ses vœux.Se pose alors la question de savoir qui gérera cette monnaie ? Il suffit d’observer les discordes récurrentes à l’ONU pour comprendre que c’est une fausse bonne idée.

Le SDR (Special Drawing Right) du FMI, justement conçu pour devenir la monnaie internationale, n’a jamais convaincu. Et le fait que les États-Unis aient un droit de Veto au sein du FMI n’est pas étranger à cette impopularité…

La Chine semble avoir tranché pour un retour du bon vieux Gold Standard si l’on en croit ses achats massifs d’or depuis de nombreuses années.

La Chine réalisait en 2019 déjà 35 % de son commerce extérieuren yuan. On dira d’ici quelques années que sa stratégie a pris un tournant en 2018, année du lancement de son propre indice de référence de pétrole, libellé en yuan ET CONVERTIBLE EN OR.Casus belli… Il s’agit ostensiblement de rivaliser avec les indices pétroliers libellés en dollar que sont le Brent (Londres) et le WTI (NY).

Le volume de contrats libellés en yuan a déjà dépassé celui du brut de Dubai. Un succès prévisible car la seule véritable monnaie en ce bas monde est l’or, même si les États-Unis ont essayé de nous le faire oublier depuis l’abandon du Gold Standard en 1971…

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