
Regarder un match de football a toujours été une distraction commune à tous les nombreux fans du ballon rond. Qu’ils soient à la radio ou à la télévision, regarder les grands événements sportifs ne se refusent pas. Entre pote, on se la fait autour d’une table de bière « bien frappée ». Comme c’est excitant!
Toutefois, misez gros sur un match de foot ou n’importe quel autre événement sportif est encore plus excitant. On s’attend à gagner le pactole pour le plaisir mais beaucoup plus par nécessité. Voici à quoi se résume le quotidien de nombreux jeunes en Haïti.
Un samedi matin comme tous les autres, Peter, un jeune habitant le quartier de Fontamara, se lève tôt pour consulter « BeSoccer », une application sur son smartphone qui lui permet de voir la programmation des matchs du jour. Il ne va pas se priver d’un paris sportifs en ligne. « Les week-ends sont les meilleurs moments pour miser sur les matchs car vous avez une multitude de choix. Les matchs sont nombreux à jouer ce jour-là. » nargue-t-il.
D’un autre côté, Stevenson, qui vit à Delmas, s’apprête à rentrer dans un site de paris sportifs assez connu. Pour lui, c’est ce qu’il peut faire de mieux durant la journée. À l’intérieur de ce site, d’autres jeunes, tout âge confondu, sont assis sur des bancs en train de suivre « en live » les événements sur lesquels ils ont misé.
Les sites de paris sportifs : lieux physiques ou applications mobiles

Pour miser, les jeunes ont plusieurs possibilités. Ils peuvent soit se déplacer pour aller directement dans un site de paris sportifs pour retirer leur fiche, ou tout simplement utiliser un smartphone pour monter sur un site ou application mobile d’un bookmaker.
« Avec les sites internet ou applications mobiles, c’est beaucoup plus facile de miser car on peut se permettre de consulter sur le moment tous les matchs du jour même ceux de la semaine prochaine voire ceux du mois prochain. » estime Peter qui consulte son application « BeSoccer ».
« En plus, on peut jouer instantanément sur n’importe quel événement dans le jeu qu’on soit à la maison, à l’école, dans un tap-tap, et autres. » a poursuivi le jeune de 23 ans.
Qu’il soit le football, le basket-ball, le volley-ball, le tennis, le hockey, les courses de chevaux et même les jeux virtuels comme le Kenno voire la lotterie, tous sont pratiques pour miser car « on ne sait jamais, l’un ou l’autre peut nous assurer la victoire ».

« Je préfère parier sur les matchs de basket-ball parce que vous avez seulement deux possibilités (victoire ou défaite) tandis que pour le football il y en a trois : l’équipe sur laquelle vous misez peut gagner, perdre ou faire match nul.» a expliqué Stevenson.
Les choix sont multiples dans les paris sportifs

Dans n’importe quel événement sportif sur lequel on peut miser, les choix sont multiples. On peut jouer simple ou combiner. On peut miser sur les résultats finaux d’un ou plusieurs matchs ou les résultats qui peuvent subvenir à n’importe quel moment du match.

« J’ai l’habitude de parier sur un joueur qui va marquer ou ne va pas marquer dans un match. Je mise aussi sur le nombre de cartons jaunes d’une équipe par rapport à une autre. Je joue aussi quelle équipe obtiendra plus de positions de hors-jeu, plus de faute, plus de possession du ballon, l’écart de but, le mi-temps avec le plus de buts, etc. » avoue le natif de Delmas.
Les amateurs de paris sportifs peuvent jouer simple ou combiner pour avoir la cote qu’ils désirent. Ils ont une variété de choix qui peuvent leur donner la sensation que gagner dépendra d’eux. Une multitude d’opportunités dans les jeux de paris sportifs qui peuvent leur faire sentir qu’ils ont le contrôle de ce qui se passe sur le terrain. En réalité, pour ceux qui pratiquent les paris sportifs, ce n’est pas aussi facile que l’on pourrait l’espérer car il suffit d’une seconde pour perdre.
Perdre sur la « douille » de la journée : le revers de la médaille
» Lorsqu’on pari, on le fait pour gagner car, comme dit le dicton, l’argent n’est pas l’eau. On ne peut pas se permettre de le perdre. «
Pour certains, les paris sportifs constituent un élément de distraction dans la journée. Pour eux, l’important, ce n’est pas vraiment de gagner. Ils jouent pour jouer parce qu’ils ont le paris sportifs dans le sang comme ils le disent souvent.
Pour la grande majorité, les paris sportifs signifient beaucoup. C’est grâce à eux qu’ils peuvent s’assurer le pain quotidien. Ils sont plus prudents à parier bien que certains d’entre eux, certaines fois, misent des sommes considérables. Ils jouent pour gagner de n’importe quel manière. Ils doivent s’assurer qu’ils gagneront. C’est la raison pour laquelle certains d’entre eux croient dans « le secret des cotes ».

Les nombreux amateurs de paris sportifs restent divisés sur ce point. Certains croient qu’à mesure la cote grandit, à mesure la possibilité de gagner diminue. Ces derniers ne croient pas vraiment dans le facteur » chance » dans le jeu. En plus, pour eux, ce n’est même pas un jeu. C’est beaucoup plus que ça. C’est un investissement. C’est un gage sur l’avenir. C’est un placement. C’est comme le marché boursier où l’on profite simplement des bénéfices réalisés sur le montant.
Obenson, 29 ans, explique sa méthode simple pour gagner: « Je parie par exemple 5000 gourdes sur un seul événement. Un événement avec une cote qui ne dépasse pas le double de mon argent si je gagne (cote 2). Ainsi, après avoir gagné (car je gagne toujours), je profiterai de 5000 gourdes de gains pour vivre durant le moment que je ne parierai pas, et mes 5000 gourdes que j’avais misées, je les utiliserai encore une autre fois. »
Ces amateurs de petite cote prennent les paris sportifs beaucoup plus au sérieux. Ils s’organisent sur les réseaux sociaux en créant des groupes « Paris sportifs cote 2 », « Cote 5 chaque jour », « Gagnons une cote 3 chaque jour », etc. Ils développent des astuces pour pouvoir gagner : ils prennent le temps de suivre pendant un moment donné l’équipe sur laquelle ils vont miser, ils ne jouent pas le victoire directe seulement les doubles chances, ils jouent un seul événement, etc.
Par contre, d’autres croient simplement que le jour où l’on doit gagner, on va gagner peu importe ce que l’on a misé. Ils sont plus branchés du côté « chance » du jeu. Ils sont beaucoup plus superstitieux. La plupart d’entre eux ne parient pas de grosses sommes d’argent parce qu’ils ne peuvent pas se le permettre. Leur condition socioéconomique ne le favorise pas dans un pays miné par le chômage. Ils peuvent miser dix gourdes sur une cote de 100, 500, 1000 voire 10.000. Ils veulent gagner bien sûr, mais si ça ne passe pas, ils n’auront rien à perdre vraiment.
« Je suis jeune. Je ne travaille pas. Ce qui veut dire je n’ai pas d’argent. Je ne peux pas miser ce que je n’ai pas. C’est pour cela que je parie 10 gourdes sur une cote 500 à peu près. » confesse Stevenson, anxieux, qui retire sa fiche du guichet dans un site de paris sportifs.
Nombreux sont les jeunes en Haïti qui adhèrent aux paris sportifs qu’ils soient sur place ou en ligne. Ils misent de grosses ou de petites fortunes qu’ils désirent doubler, tripler, quadrupler, etc. Ils perdent plus qu’ils gagnent, mais ils espèrent qu’un jour, ils auront la possibilité de ramasser une grosse somme d’argent. Ils restent à espérer, à rêver car pour certains d’entre eux leur avenir se joue sur les paris sportifs.
Dans un pays où le taux de chômage du côté des jeunes est en nette progression, les paris sportifs ne sont qu’une opportunité pour eux d’assurer acquérir un jour ou l’autre quelque chose qu’ils désirent. Qu’ils soient en ligne ou sur place, les jeunes peuvent passer des heures entières à s’impatienter en se laissant traverser par toutes les émotions. Rarement, quelques cris de joie, d’affolement même ; souvent, c’est le regret, le doute et parfois des pleurs.
Alix ISRAËL
alixisrael53@gmail.com